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1262
- Fin XIIIe-XIVe s. - 1430 - XVe s. - XVIe s. - Conclusion

Nouveaux remaniements sous les Uttenheim

A une date indéterminée située entre 1474 et 1503, le Kagenfels passe aux Uttenheim zu Ramstein qui vont à leur tour y réaliser d'importants remaniements. Le château va alors encore connaître au moins deux importantes phases de construction.

Nouveau schéma défensif à l'Ouest

Le château se voit ainsi doté d'une nouvelle enceinte défensive (murs H1 à H8 et G1 à G3) venant doubler sur l'ensemble des fronts Nord et Ouest les enceintes antérieures. Dans le nouveau schéma défensif mis en oeuvre, trois nouvelles portes (PA, PB et PC) viennent cloisonner le cheminement étagé vers le logis. Dans l'enceinte externe est aménagée la nouvelle entrée cochère du château (porte PA). Les extensions réalisées définissent trois nouvelles parties cours. A l'intérieur de ces nouvelles défenses, le mur d'enceinte préexistant est alors doublé dans sa partie Nord (F6) d'un second mur (G1) qui vient s'imbriquer dans l'angle formé avec la tourelle (TU).

Le mur G1 comprend la seconde porte (PB) dont l'encadrement de grès portait les armes des Uttenheim (de sable à la bande d'or). La porte a été intégralement restituée en 2003 : partiellement conservée en élévation, tous ses claveaux constitutifs excepté un ont été exhumés lors des travaux de consolidation de 2002. L'encadrement présente un arc en plein cintre, avec moulure externe en cavet. La clé porte le blason, aucune date n'ayant été relevée ici. La typologie de cette porte, formellement tardive, plaiderait a priori pour le XVIème s. déjà, mais n'exclue pas la fin du XVème s. La porte PB est dans tous les cas une porte interne aux défenses et serait ainsi de toute évidence contemporaine de l'entrée en basse-vour (PA). Ceci signifie que l'ensemble des murs G1 à G4 et H1 à H8 sont vraisemblablement contemporains, pour des nécessités défensives évidentes.

La porte (PB) était suivie d'une sinueuse rampe pavée permettant de monter jusqu'à la cour supérieure située environ 3 m plus haut. Au regard des sondages réalisés, cette rampe était composée de deux volées, la première remontant vers la gauche, la seconde construite sur un mur de soutènement incurvé (G4) permettant après retournement d'atteindre le pied de la tour palière. Un parapet maçonné aujourd'hui arraché prévenait les chutes.

En haut de cette rampe, au pied de la tour palière, une troisième porte (PC) a été retrouvée ruinée, plus de la moitié des éléments d'encadrement gisant à proximité. Il s'agit ici encore d'une porte ogivale avec chanfrein externe à congé. Le montant droit de cette porte (montant Ouest) était adossé au mur d'enceinte externe (G1) doublant le mur d'enceinte interne préexistant (F6) qui a ici été dérasé et recouvert du dallage de circulation habillant la rampe afin de disposer de la place nécessaire pour implanter une porte. Son montant gauche est implanté contre l'extrémité d'un mince mur (G5) parallèle au flanc Nord de la tour palière et ménageant un étroit passage vers l'enceinte supérieur Nord, barré par la quatrième porte (PD).

Au Nord, la nouvelle enceinte se prolonge sur le rocher en bordure du fossé (murs G2 et G3) jusqu'au contact de la tour pentagonale à l'Est. La réalisation de cette extension Nord est contemporaine du rehaussement du remblai interne de la fausse-braie Est et de la modification des entrées dans les deux tours de flanquement à l'Est. Le mur qui fermait jusqu'alors l'enceinte basse à l'Est (F3) dans le prolongement du flanc Nord de la tour pentagonale est alors dérasé et recouvert par ce remblai. Un mince muret (M2) comprenant une petite porte barre l'accès à la petite cour (couverte ?) Sud-Ouest, en contrebas de la tour TU.

Chemin d'accès interne et ultime dispositif d'entrée du château

L'accès au château se faisait à la fin de son occupation et sans doute depuis son origine par un chemin montant au long du flan Sud, partant de l'extrémité Sud du fossé. Un mur de soutènement à flanc de rocher est conservé hors-sol au devant de l'entrée (H8). Il a été doublé dans un second temps (I3) dans le but probable de contrer la poussée du remblai et éventuellement d'élargir le passage devant l'entrée. Le chemin soigneusement dallé a été exhumé sur une longueur de 2 m en contrebas du grand rocher au Sud. Le dallage témoigne d'un élargissement du chemin préexistant.

L'ultime porte (PA) a été découverte à l'Ouest ; son seuil est encore encadré et le sol pavé en intérieur. Ce dispositif d'entrée est réalisé au travers d'une arête granitique de structure très accidentée, qui a dû être aménagée malgré sa grande dureté : le rocher a ainsi été nivelé pour permettre le débattement de la porte vers l'intérieur. On relève ici les traces du débitage de la roche, sous la forme d'entailles destinées à l'insertion de coins métalliques servant à fendre les blocs.

La plupart des éléments d'encadrement de cette porte ont pu être retrouvés hors sol sur la pente, jusqu'à plus de 150 cm en contrebas. Large de 1,74 m à sa base, ses montants possèdent un bossage externe, les claveaux des arcs formant ogive étant quant à eux lisses. La base de la crapaudine est conservée in situ, la porte s'ouvrant vers la gauche en entrant. Une belle chaîne en fer scellée de plomb dans le rocher au Nord de la porte permettait de la maintenir ouverte. L'encadrement en grès était enduit d'un badigeon de chaux appliqué à la brosse, encore visible sur l'intrados de trois claveaux. Deux blocs avec rails d'encastrement de verrous à fléaux basculant de sections carrées ont été retrouvés ; tous deux proviennent du montant gauche de la porte.

La configuration de la crapaudine présente un défaut conceptuel imputable à l'étroitesse du passage disponible. Sa restitution montre en effet qu'elle était vulnérable en partie haute depuis l'extérieur, n'étant pas masquée par la feuillure de la porte comme c'est habituellement le cas, mais dépassant au-dehors par-devant le vantail en bois. Il était donc possible de la faire sauter par un coup de masse bien placé, entraînant la chute de la porte. Cette faiblesse a motivé une importante mise en défense de l'entrée, sous la forme de plusieurs bouches à feu. La forme de cette porte est comparable sur de nombreux points à la porte arrière (Aeftertor) de la proche enceinte de Boersch, tant au niveau de l'encadrement que de sa curieuse crapaudine ovoïde.

Configuration défensive de la porte

L'approche de la porte PA était couverte tout au long du chemin d'accès externe par des bouches à feu, dont plusieurs éléments constitutifs ont été retrouvés. Les éléments d'une haute couleuvrinière (inv. ME) proviennent ainsi des défenses Sud-Ouest (éventuellement tour TO). Le linteau curviligne d'une embrasure de tir de plan triangulaire (inv. MD) provenant d'une meurtrière similaire a été retrouvé une dizaine de mètres au-devant de l'entrée.

La défense de la porte elle-même était assurée par au moins deux bouches à feu, dont les fragments très dispersés ont été retrouvés sur la pente. Les deux dispositifs de tirs monolithes reconstitués présentent des ébrasements complexes correspondant à des configurations de tirs orientés qui permettent de proposer la restitution de leur implantation. Ils constituent les dispositifs de tirs externes d'embrasures de plan triangulaire convergeant vers l'extérieur, aujourd'hui disparues. Leur conception relève ici encore de formes architecturales du XVème s.

Un dispositif de tir cruciforme orienté vers la gauche et légèrement plongeant (inv. MA) aurait ainsi permis la défense frontale de la porte, couvrant le chemin d'accès depuis le côté intérieur gauche de la porte. Un second dispositif de tir (inv. MB) présente une configuration plus courante de fente de visée verticale au milieu de laquelle s'insère un large orifice de tir circulaire. Le tir désaxé vers la droite permettait de réaliser le flanquement de la porte vulnérable. Un fragment d'une troisième bouche à feu, très détérioré, a été retrouvé, qui provient de la même zone. Il est probable que le dispositif d'entrée comprenait un étage avec parapet périphérique permettant aux défenseurs de circuler au-dessus de la porte et d'en commander les abords. Il n'était pas couvert, d'après les éléments recueillis sur le sol de l'entrée.

Un fragment de pierre datée (inv. DA) et probablement armoriée surmontant à l'origine l'une des portes d'entrée a été trouvé hors sol en contrebas de cette porte (PA). Il n'est pas certain qu'il provienne de celle-ci, ayant pu être remployé brisé dans le soutènement du chemin précisément au-devant de cette porte, bien que l'absence de traces de mortier mette en doute cette hypothèse. Ses caractéristiques formelles plaideraient pour une réalisation de la fin du XVème s.

1262 - Fin XIIIe-XIVe s. - 1430 - XVe s. - XVIe s. - Conclusion

 

Illustrations
Le Kagenfels

Proposition d'interprétation des relevés du château du Kagenfels entre 1430 et 1503.

Dessin réalisé par Mathias Heissler.

Le Kagenfels

Relevés et propositions de restitutions partielles de la porte PA et de fenêtres du château du Kagenfels.

Dessin réalisé par Mathias Heissler.

Le Kagenfels
Préparations de restitution de la seconde porte (PB) du Kagenfels en mai 2003.
Le Kagenfels

Plan pour la restitution de la seconde porte (PB) du Kagenfels en mai 2003.

Dessin réalisé par Mathias Heissler.

Le Kagenfels

Résultat de la restitution de la seconde porte (PB) du Kagenfels en juin 2003, avec l'équipe de bénévoles travaillant sur le chantier.

Le Kagenfels

Plan de la troisième porte (PC) du Kagenfels.

Dessin réalisé en mai 2003 par Mathias Heissler.